La perte de mémoire des victimes de violences
Dernière mise à jour : 10 févr. 2022
Notre cerveau est une formidable machine, une machine qui peut malheureusement être affectée par l’environnement dans lequel nous évoluons.
Chaque événement de nos vies peut alors avoir des conséquences néfastes pour notre cerveau, sans même que l’on s’en rende compte. C’est ainsi que dans certaines situations (guerre, maltraitance, harcèlement, terrorisme, violences physiques ou psychologiques, viols…), le cerveau fait pour vous le choix d’oublier pour se protéger.
Oublier pour continuer à avancer, mais surtout pour survivre… La souffrance n’est alors plus seulement émotionnelle ou physique : elle laisse des traces internes imperceptibles.
En médecine, on parle d’amnésie traumatique ou dissociative.
En quoi consiste l’amnésie ?
C’est une des conséquences psychotraumatiques des violences, déclenchée par le cerveau. De façon simple, l’amnésie correspond à la survenance de troubles cognitifs qui peuvent se décliner en trouble de la mémoire, de la concentration ou de l’attention. Cette amnésie peut être totale ou partielle.
Véritable bouée de sauvetage pour les victimes, cette fonction de protection du cerveau permet de faire face à une réalité insoutenable. Le corps se protège pour que les situations de stress et de violences n’affectent pas ses organes vitaux. C’est comme si le corps choisissait de faire « disjoncter » le circuit des émotions et de la mémoire face à un danger qu’il identifie comme étant la mort.
L’information est bien stockée dans le cerveau, mais reste temporairement inaccessible. Quand les victimes sont engagées dans de tels processus de violences, les bourreaux profitent précisément de cette faille pour continuer chaque jour leur emprise.
Combien de temps peut durer l’amnésie ?
L’amnésie peut ne pas apparaître consécutivement à un événement, mais au contraire des heures, des jours ou des années après. De la même manière, la perte de mémoire peut s’étendre de quelques minutes seulement, à des années entières oubliées. Surtout, tant que la situation vécue ne cesse pas, où que l’auteur ne sera pas sorti de votre vie, la mémoire ne pourra pas revenir intégralement, car le cerveau va rester de façon permanente en état d’alerte.
Cette amnésie peut se lever du jour au lendemain et parfois de façon très brutale et non controlée. Cela peut par exemple prendre la forme de flash-backs, ou de cauchemars. Parfois, ce retour à la réalité sera un choc trop violent. Il est donc important de rester entouré(e), voir ne pas hésiter à demander l’aide de professionnels de la santé (médecine traditionnelle, alternative…).
Il faut garder à l’esprit que si la dissociation avec la réalité permet de survivre, la blessure est quant à elle toujours bien là. C’est comme une blessure ouverte anesthésiée ; on saigne, mais on ne ressent pas la douleur et la plaie n’est en rien refermée…
Quelles sont les conséquences de l’amnésie ?
Le problème avec l’amnésie c’est que cela peut entrainer chez la victime des doutes sur la réalité des violences subies, pouvant même mener à une certaine banalisation de celles-ci. Ne vous en rendez pas coupable pour autant ! L’amnésie ne dépend pas de vous, mais de votre cerveau… Ce n’est pas parce que n’arrivez pas à vous souvenir que cela fait de vous quelqu’un qui ment !
En février dernier, il a été lancé le #metooamnesie : un mouvement tendant à ce que soit reconnue et prise en compte en justice l’amnésie traumatique, qui bien souvent se lève après que la prescription soit acquise…
Pour aller plus loin, vous pouvez également lire un précédent post sur MEMO DE VIE, un journal intime numérique et sécurisé qui vous permettra de garder une trace au jour le jour de ce que vous vivez. Ce sera un véritable soutien pour votre mémoire !
Surtout n’oubliez pas : Nous, ON VOUS CROIT !
bien vrai et c'est horrible d avoir cette perte de mémoire c'est effrayant